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La création de Nazarena-France

L'association NAZARENA-FRANCE a été créée en juin 2005 à l’ initiative de Suzanne Chazan, anthropologue qui travaille depuis plusieurs années sur la Côte Ouest de Madagascar, dans la région de Morondava, Belo sur Tsiribihina et de la vallée du Manambolo.
Elle était à Morondava en 2004 quand le cyclone Gafilo a ravagé la région, et un premier appel aux dons parmi ses amis et parents a permis de secourir les gens les plus démunis. Cette aide s’est poursuivie avec l’aide d‘un chercheur malgache, Dera Haidaraly, créateur en 2002 d’une association de statut malgache dénommée Nazarena (Madagascar) dont le siège se situe dans la commune rurale d’Aboalimena, sous-préfecture de Belo sur Tsiribihina. Notre association a été créée en 2005 et elle compte aujourd'hui environ 50 membres . Nazarena-France est une ONG reconnue par le Gouvernement à Madagascar, avec lequel a été signé un accord de siège renouvelé en date du 11 juin 2018. .

Créée par des anthropologues spécialistes de Madagascar, Nazarena-France associe son action à caractère humanitaire et éducatif à une réflexion menée sur les conditions de vie et de travail des gens et sur l’origine de la pauvreté, qu’elle transmet à travers l’information de ses membres et la poursuite de travaux de recherche. Les aides apportées peuvent être des secours d’urgence si la situation le demande, mais depuis plusieurs années notre activité a essentiellement un caractère éducatif avec la création en 2012 du Centre de Formation Professionnelle Agricole Nazarena à Aboalimena ( CFPANA), établissement d’enseignement privé destiné à de jeunes ruraux déscolarisés. Une bonne connaissance du terrain, un relais local fiable à travers l’association partenaire, une présence régulière des bénévoles de notre association garantissent tant aux donateurs qu’ aux bailleurs de fonds une utilisation optimale des fonds réunis. La comptabilité de l’association est à disposition des donateurs. .

La zone de nos actions

Le lieu choisi pour nos actions n’est pas neutre. La région est l’une des plus pauvres de Madagascar. A l’ écart des routes touristiques Aboalimena n’est pas facile d ‘ accès. La région Menabe ne possède qu'un seul grand axe. Il relie par la route la capitale Antananarivo en passant par Antsirabe, Miandrivazo, Malaimbandy, jusqu'à Mahabo et Morondava. En saison des pluies et en période cyclonique (décembre à mars) les routes au nord de la vallée de la Tsiribihina sont fréquemment coupées et la piste reliant Belo à Aboalimena est alors impraticable. Cela suffit pour que l’aide internationale, ou les programmes gouvernementaux n‘ arrivent pas à Aboalimena. Ajoutons que dans les années récentes, la pauvreté s’est accrue et a engendré dans la région une situation d’insécurité permanente. Toutefois notre insertion dans le village depuis plus de 15 ans permet la poursuite de notre activité. La présidente de l’association a travaillé depuis les années 70 dans cette région de l'Ouest Malgache appelée Menabe, elle y est retournée chaque année depuis 2002. Elle a noué des relations de confiance avec notre correspondant, Dera HAIDARALY, président de Nazarena-Madagascar, avec la Mairie d'Aboalimena et avec les chefs lignagers. Elle a pu constater dès 2006 les premiers bénéfices d‘ une action menée à cette époque avec les seuls moyens de l’association. Notre principal projet, le centre de formation professionnelle agricole CFPANA a été conçu dès 2007. Des bâtiments ont été construits et le centre a accueilli se premiers élèves en 2012. Le projet de développement 2018-2020 du CFPANA « Jeunes Agriculteurs du Menabe « (https://www.microprojets.org/projets/jeunes-agriculteurs-du-menabe) a été lauréat de l’Agence Micro Projets en 2017. Les élèves diplômés sont incités à créer de petites entreprises agricoles et contribuent à donner au centre les moyens de son autonomie..

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Aboalimena est une commune rurale située à 50 km au Nord de Belo sur Tsiribihina.C’est là que Suzanne Chazan poursuit ses recherches depuis 2002. La commune rurale d’Aboalimena compte 8 500 habitants,  elle est découpée administrativement en 8 Fokon’tany, chacun d’entre eux étant sous la responsabilité d’un chef de Quartier. Le village d’Aboalimena proprement dit comprend deux Fokon’tany, Nord et Sud. Les autres Fokon’tany se répartissent à des distances parfois supérieures à 10 km , et sont accessibles par des pistes à bœufs. La mairie se trouve au centre du village, ainsi que « l’hôpital », centre de santé primaire de quelques lits confié à un médecin payé par l’Etat. Il n’y a ni eau courante ni électricité à Aboalimena, ni aucun drainage des eaux usées ; les latrines n’existent quasiment pas. Les habitants sont pour la plupart agriculteurs et éleveurs et aussi pêcheurs. La principale culture a été le riz, base de l’alimentation à Madagascar, mais les changements de lits du fleuve Manambolo, au Nord du village, ont asséché les rizières. Ils cultivent actuellement le maïs, l'arachide, le manioc et la patate douce. Ils élèvent, souvent de façon communautaire, c'est à dire lignagère des zébus, qui servent au transport et comme bien d’accumulation, et de la volaille. Les habitants sont très pauvres, le salaire d’un instituteur n’atteint pas 100 000 Ariary /mois, soit environ 40 €. Il y a peu d’argent en circulation. Un petit commerce monétaire ou de troc assure aux villageois l’accès aux produits de première nécessité, mais au détriment du stockage de denrées en vue de leur propre consommation à la période de soudure. Il ne reste plus alors que la cueillette de tubercules en forêt si les stocks sont insuffisants.

Le projet  : apporter des moyens, mais ne pas créer une situation de pur assistanat

Notre projet s'appuie sur une connaissance approfondie de la zone d'intervention, du mode de vie des gens qui y habitent et des réseaux d'échange locaux : d'alliance, de boeufs, de complémentarité de production et de commerce local. Nous accordons une place importante à la dynamique entraînée  par nos actions sur place et nous demandons une forte implication aux villageois pour ne pas créer une situation de dépendance passive.

Notre projet s'est enrichi d'année en année depuis la création de Nazarena-France :   

  • Le projet d'un Centre de Formation Agricole Ecole à Aboalimena (depuis 2007)
  • La diversification des cultures et l'amélioration des techniques agricoles (depuis 2006)
  • Le pôle santé et un projet de pharmacie mutualiste (depuis 2006)
  • La création d'ateliers d'animation et le lancement de coopératives (2008)
  • L'opération riz (2005)

Une école d'agriculture pour Aboalimena

Notre projet le plus ambitieux est la création d'un centre de formation agricole et de développement à Aboalimena. Il y sera donné un enseignement agricole et un enseignement général destiné à des jeunes qui n'ont aucune chance d'accéder au collège de la ville la plus proche, Belo-sur-Tsiribihina. Avec l'appui du conseil communal d'Aboalimena et du comité des sages , un terrain de près de 4 hectares a été réservé non loin du centre d'Aboalimena. Ce terrain est à présent défriché, et nous avons construit en 2008 avec l'association Nazarena - Madagascar un premier bâtiment de 165 m2 au sol , de deux classes de 30 m2 et 13 m2, entouré d'une large véranda. Ce bâtiment est maintenant terminé, il a été finalisé en un temps raisonnable malgré l'isolement d'Aboalimena, en utilisant des matériaux locaux , tout en introduisant les principes de constrution paracyclonique. Ceci a été fait par l'un de nos membres, architecte, qui a dirigé le chantier, formé les maçons et les charpentiers, et adapté les principes aux réalités locales. En 2010, l'aménagement intérieur a été complété par des bancs d'écoles, un tableau noir, une table, et dans la pièce annexe une bibliothèque.

Un puits a été creusé à l'été 2009 et chemisé par des buses en ciments comme cela se pratique pour les puits communaux. L'eau a été trouvée à environ 11 m de profondeur. L’aménagement, finalisé en 2010 comprend une margelle, une pompe à bras, un tablier cimenté, et un auvent muni d'un toit en chaume.

Lors de l'assemblée générale du 25 juin 20111, une présentation a été faite de l’aménagement du terrain de Nazarena, avec le relevé précis des limites, l'implantation des arbres et celle des bâtiments et annexes à construire. Un second bâtiment a été construit au cours de la mission menée à l'automne 2011. Il s'agit d'un bâtiment scolaire de m2 au sol dont la construction reprend des principes de construction adaptés aux conditions locales, mais moins demandeurs en bois durs. Un bloc de toilettes a été également implanté sur le terrain. Dès 2012, les bâtiments construits et leurs aménagements permettront d'accueillir une pemière promotion d'élèves.

Un programme d’électrification solaire du bâtiment a été élaboré. dans un premier temps il s'agit d’une installation volontairement modeste en rapport avec le caractère traditionnel de la construction, qui devra permettre cependant d’utiliser les classes pour des cours du soir, des présentations , et pour y introduire des moyens audiovisuels.

Le programme pédagogique

Le projet pédagogique de la future école d’agriculture a été élaboré depuis 2008 .Un travail d’approfondissement du « programme pédagogique de la future école » a été mené avec Dera Haidaraly le Dr Martin Djadagna vétérinaire chargé du district de Belo et conseiller de Nazarena pour les questions agricoles, et M. Hamada Olivier, ancien ministre et directeur d'un lycée d'enseignement secondaire privé(lire le projet pédagogique).

Le document a été appouvé par le chef de la Région Menabe et par le représentant régional du Secrétaire d'Etat à la Formation Professionnelle à Morondava. Une demande d'agrément est en cours auprès du Ministre de l’Education Nationale. Nous prévoyons un cursus scolaire de trois années, après une première année de remise à niveau pour les élèves qui n'auraient pas obtenu le CPE (certificat d’études primaires ) au sortir de l'école primaire. Les trois années d'école prévoiraient une poursuite de la formation générale à laquelle seraient associées l’ensemble des matières enseignées dans les écoles d’agriculture et vétérinaires, ainsi qu'un enseignement pratique, notamment pas la réalisation d'un projet personnel. L’idée est qu’à l’issue de leur formation, les élèves pourraient occuper des postes de vulgarisateur dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage, tout en restant dans leur région d’origine pour agir sur le développement local.


credit photo: J-B.Chazan 2011©

le second bâtiment en cours de construction (2011)

une image de l'école à venir
credit photo: S.Chazan 2006 ©

les premières pousses de poivrons sur un terrain clos à la manière traditionnelle

La diversification des cultures et l'amélioration des techniques agricoles

Une première action menée à Aboalimena en 2006 et 2007  a été la mise en valeur d’un terrain de 1 Ha en cultures maraîchères. Ce terrain situé a été défriché, clôturé  et aménagé et deux puits à ciel ouvert ont été creusés. L’association Nazarena-Madagascar s’est équipée d’une motopompe, d’outils aratoires: angades (sorte de bèche), rateaux, arrosoirs etc.. et a distribué gratuitement les semences de tomates, brèdes de différentes natures, oignons, poivrons, piments et aubergines. Toutefois, malgré le résultat encourageant de ces cultures l'opération n'a pas pu se développer faute d'un marché local suffisant et de moyens de transport pour une commercialisation à Belo.

Un objectif plus ambitieux concerne l’amélioration des plantations et des méthodes de culture dans la région d’Aboalimena, en partant d’un inventaire des pratiques existantes et des calendriers culturaux. Il prendrait en compte les expérimentations déjà menées à Madagascar en matière d’agroforesterie et de plantation d’arbres pour des applications SVC (systèmes de culture sous couverture végétale.

 

Le pôle santé à Aboalimena

Une enquête menée dans les villages au cours de l'été 2006 nous avait montré que le système de santé existant est loin de répondre aux besoins des paysans, qui résident parfois dans des hameaux éloignés. A la demande des villageois, nous avons organisé une activité de dispensaire en partenariat avec le centre de santé primaire existant à Aboalimena, afin de recevoir les malades en cas d'urgences ou de fermeture du centre, distribuer des médicaments (antibiotiques, antipaludéens,etc.) , assurer des consultations par un de nos membres qui est médecin. Cette consultation est très utile car elle permet de mieux connaître la demande de soins et qu'elle s'adresse aux plus pauvres des habitants d'Aboalimena. Elle relève plus de la médecine courante que des affections tropicales. Des succès ont été enregistrés dans le traitement des teignes tondantes, une affection mycosique fréquente chez les enfants.

En 2010 une sage-femme en exercice a effectué une mission de 3 semaines pour une consultation de périnatalité et gynécologie, et pour des entretiens avec les matrones.

L'opération handicap 2008

En 2006 nous avions rencontré plusieurs jeunes gens atteints de séquelles de poliomyélite, non appareillés, sans soins. Grâce à l'appel fait auprès des adhérents de l'Association des Paralysés de France nous avons pu réunir 9 fauteuils qui ont été acheminés à Aboalimena, ainsi que les coussins qui nous ont été offerts par la socité Winncare-Askle de Nîmes. Ils sont remis aux personnes handicapées selon les besoins et une collaboration a été établie avec le seul centre de rééducation fonctionnelle de la région Menabe à Morondava. Un fauteuil a été remis au centre de soins primaires qui n'en disposait pas pour ses malades.


credit photo: J-B.Chazan 2008 ©

L'opération d'achat de riz pour la période de soudure (2005)

Deux années durant, l’association Nazarena-Madagascar est intervenue sur le marché local du riz dont le prix fluctue en période de soudure sans relation avec le prix payé à la production au moment de la récolte. En 2005, l'association Nazarena-Madagascar a acheté grâce à Nazarena-France sur le marché local plus de 50 sacs de riz paddy (non décortiqué) au moment de la récolte. La distribution a été faite au moment de la période de soudure à travers les associations de femmes qui se sont formées dans tous les fokon'tany. Ce riz devait être vendu au prix plancher de la récolte et l'a été en partie, même si toutes les associations n'ont pas fonctionné de manière satisfaisante.

Les ateliers d'animation et le lancement de coopératives

Nous avons saisi l’opportunité d’une demande de stage faite par trois étudiantes en 3ème et dernière année de formation « d’éducatrices spécialisées » à la « Haute Ecole de la Communauté Française en Hainaut » pour mettre en place une animation orientée vers les femmes et les jeunes du village. Ces étudiantes sont venues pour une durée de 4 mois en 2008 et ont été entièrement bénévoles.

Le projet d’équipe de foot, pour lequel nous avions apporté des ballons, des maillots et des shorts a été réalisé par l’une d’entre elles avec l’aide d’un habitant du village qui en a assuré l’entraînement.

A la demande des femmes du village, et en reprenant un projet que le président de Nazarena-Madagascar avait depuis plusieurs années nous avons acheminé à Aboalimena cinq machines à coudre mécaniques à pédale. Ce sont les étudiantes qui, à travers une annonce dans la presse locale, ont obtenu de donateurs de la région de Lille les cinq machines à coudre. C’est ce qui a permis de proposer une initiation à la couture, avec le concours d’une habitante du village d’Aboalimena qui a dispensé les cours de coupe et de couture. En 2009 cette action a été renforcée auprès d'un groupe de femmes avec le baptème d'une première promotion de couturières formées sur place. Cette opération devait déboucher sur le lancement d'une petite coopérative de production artisanale de vêtements pour les besoins des familles ou la vente locale, mais le groupe a éclaté. Il a donc été décidé de restreindre l'opération à la formation, sous l'égide de l'association Nazarena-Madagascar.

Une initiation aux techniques de poterie a été lancée par une stagiaire, utilisant la terre locale. Cet atelier a suscité beaucoup d’intérêt et montré chez les villageois de réelles qualités artistiques. Toutefois, en l'absence de tradition locale de poterie dans cette région de Madagascar, la qualité de la terre et les techniques utilisées n'ont pas permis de produire des objets résistant à la cuisson.

Enfin à partir de l’activité de « dispensaire » l’une des étudiantes a mené une action en direction des mamans et des enfants pour diffuser des principes d’hygiène et de soins aux enfants, à partir d’activités ludiques.

En 2010, l'une de nos membres retraitée de l'enseignement, en mission pour 3 semaines a dirigé de petits groupes d'apprentissage et de perfectionnement de français, une formation très demandée par les habitants d'Aboalimena (gendarmes, instituteurs, agriculteurs).


credit photo: S.Chazan 2008 ©

credit photo: S.Chazan 2008 ©

Le Bureau de Nazarena-France (septembre 2021)

Présidente  :  Suzanne CHAZAN  (anthropologue, spécialiste de Madagascar)
Président d'Honneur :  Dera HAIDARALY (universitaire malgache, Président de Nazarena-Madagascar)
Vice-Président :  Bruno ROYET (Architecte honoraire)
Vice-Présidente  : Françoise THABEAULT ( enseignante)
Secrétaire  : Anne-Laure CHAZAN ( avocate )
Trésorier  : Jean Bernard CHAZAN  ( médecin )
Secrétaire Adjoint : Pierre CHAZAN (ingénieur) 

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Conception graphique : Patrick Diéudonné